Bonjour François, ma source est ici le Manuel de culture sur butte de Richard Wallner, p. 131. Sa source à lui est To love and regenerate the earth, Don Weaver.
Je pense que pour un résultat si important (des biais sont possibles pour arriver à celui-ci, comme une moins bonne précision des mesures il y a 50 ou 100 ans, mais quand bien même je n’ai aucun doute qu’il y ait une très nette diminution de la teneur en nutriment des fruits et légumes) il faut une combinaison de plusieurs facteurs.
Facteurs qui sont au doigt mouillé sur la base de quelques recherches :
La sélection variétale sur d’autres critères que la teneur en nutriments, par exemple la résistance au transport et à la conservation, un calibre homogène satisfaisant aux critères de la distribution moderne, mais surtout la productivité. Par exemple arbre fruitier qui arrive à production vite et qui produit beaucoup sur le temps d’une saison n’aura globalement pas plus de nutriments à partager entre ses fruits que si il en portait deux fois moins. Idem pour un pied de tomate sélectionné pour produire à toute vitesse un grand nombre de tomates au goût de flotte. En fait ce qui donne son bon goût de flotte insipide à la tomate industrielle, c’est justement l’absence de nutriments!
La méthode de culture est aussi en cause car si les sols sont moins vivants de la même manière ils sont moins riches en nutriments. Et cela va en s’aggravant au fil du temps car comme le sol est maintenu dans un état très dégradé, pauvre en vie et très soumis à l’érosion et au lessivage (qui emportent des nutriments), il contient moins de nutriments à fixer pour les plantes. De l’autre côté on « exporte » sans cesse de la biomasse, mais on rajoute surtout (quasi que) N P et K. Ce qui fait qu’au moment des récoltes on exporte des nutriments qu’on ne vient quasi ou pas remplacer ensuite. Cela année après année, décennie après décennie.
Donc on en perd par les deux bouts. Enfin dans certains cas, surtout pour les fruits, on récolte avant maturité par exemple les pommes les poires et paraît-il même les scoubidoubi ouh ah ! Encore moins de temps pour la plante pour fixer des nutriments dans les fruits.
En bout de chaîne il y a des pertes supplémentaires liées aux écarts de température (mise en chambre froide, sortie de chambre froide) et au temps de conservation. Le froid lui même, qui en général conserve plutôt bien les nutriments peut aussi en détruire une partie. On a vu les caroténoïdes, normalement assez stables dans une conservation au froid, diminuer de 30 à 40% pour des cubes ou de la purée de pastèque congelés après un an de stockage à - 20 °C. (source Alimentation et processus technologies. Alain Branger, Marie-
Madeleine Richer et Sébastien Roustel. Éditions Éducagri, 2007
(ISBN 2844445594), p. 85. / INRA) . Le découpage ou mixage est aussi en cause.
« Les légumes feuilles, qui présentent une surface de contact avec l’air très importante, sont les plus touchés. Après trois jours de conservation post-récolte, une salade ne contient plus de vitamine C ! » (même source)
L’irradiation, qui est très courante, détruit peu de nutriments, mais peu c’est encore un peu, ajouté au reste… Cela pour les produits frais, dans le cas de la pasteurisation ou de la transformation par cuisson ou séchage, on en perd encore.
Beaucoup de fruits et légumes sont lavés après la récolte, ce qui occasionne une perte de nutriments (et de pesticides etc. aussi d’ailleurs).
Et enfin, hors sujet mais notablement : l’épluchage.
Comme toujours il y a une relativement bonne nouvelle là dedans, c’est que pour remettre des nutriments dans nos assiettes, il suffit de faire exactement l’inverse!