Aide dans l'orientation des bandes de culture

Bonjour Ă  tous,
J’ai un projet sur 70 ares de terre argilo-calcaire, bord de rivière, Sud Belgique proche08
Beaucoup d’observations, de réflexions, quelques plantations (fruitiers, arbustes à fleurs, haie, vivaces potagères…) , quelques échecs …

Et la syntropie débarque, tout est clair, sauf que la rivière qui déborde, les promeneurs qui rentrent, les castors qui coupent et les chevreuils qui grignotent… Le design du jardin doit en prendre compte.

Et là je sèche, j’ai peur de me tromper d’orientation dans mes bandes de cultures, sous peine d’avoir trop ou pas assez d’eau.
Je pense hydrologie regĂ©nĂ©rative, les plantations en « keyline Â» sont la clef. J’ai rassemblĂ© toutes les cartes de relief et de ruissellement. Mais toutes les infos que je trouve sont incomplètes et renvoient vers des formations Ă  1000 balles!!!

Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? Merci!

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Bonsoir Amélie,

Merci pour ce partage, je me permets de vous faire un retour: vous posez de tres bonnes questions…
Le sujet du design doit rester ouvert sur la durée, puisque les éléments que vous avez cités (rivières, castors, chevreuils) représentent des variables.

Si vous acceptez les incertitudes, je pourrais peut-ĂŞtre vous aider.

Dans le climat tempéré Européen, l’élément qui manque est le prédateur alpha des écosystèmes (loups, ours, lynx etc.), ce qui engendre un impact plus important sur tout projet écologique, de la part des herbivores principalement.
En bref, plus de complexité.

Si vous voulez, je pourrais vous indiquer encore quelques questions à vous poser, en complément de celles que vous avez évoquées. En faisant des recherches sur les sujets respectifs, on pourra se rapprocher de réponses relativement pertinentes.

Yes! Merci ,oui je veux bien. C’est plus les certitudes qui me font peur :wink: Les loups et les lynx se rapprochent de chez moi, c’est encore un peu tôt pour les inclure dans mon projet.

Bonjour Amélie,

Ton terrain est-il en pente (j’imagine, comme tu parles de key line) et si oui orientée comment? Ton terrain est plutôt ensoleillé ou le plus souvent à l’ombre de la végétation préexistante? Le sol est calcaire à quel point? Tu connais son PH?

À moins de vouloir cultiver beaucoup de plantes d’ombre je conseillerai de faire tes bandes de cultures orientées Nord-Sud si tu peux, et de tout faire pour pouvoir. Cette orientation permet de maximiser la lumière arrivant potentiellement à tes cultures, et te permet toujours de moduler si tu en veux moins grâce à tes plantes support de perturbation émergentes et hautes, y compris celles des carapaces dont c’est une des fonctions principales. En intersaison on veut souvent plus de lumière, en pleine canicule moins.
L’orientation N-S permet cela, alors qu’à l’inverse E-O, tu auras toujours de la lumière coté sud et de l’ombre côté Nord. On peut vouloir cela mais il faut avoir une idée de design bien précise où l’on veuille beaucoup d’ombre, pour la culture de champignons peut-être. Ou être vraiment beaucoup plus au sud que la Belgique, dans des situations ou on chercherait autant d’ombre que possible, et encore…

Pour la rivière qui déborde il faudrai voir en vrai, mais il y a des idées à trouver du côté de ce qu’on peut faire pour les étangs, des zones où l’on dirige le trop plein et ou l’infiltration est favorisée. Dans ce cas une pelleteuse peut bien aider.

Pour l’infiltration tu peux choisir des arbres qui supportent les sols calcaires argileux et l’hydromorphie, comme le Bouleau verruqueux (Betula pendula), le Saule blanc (Salix alba) ou le Sureau noir (Sambucus nigra). Si le ph est raisonnablement calcaire aussi l’aulne de corse. Le saule Marsalt aussi, il est une super source de pollen et nectar pour les pollinisateurs en début de saison.

Tu peux même créer artificiellement une sorte de bras de la rivière qui la longe à quelque distance pour guider l’eau ailleurs que sur tes cultures, et pourquoi pas vers un petit étang?
Bon ça dépend bien sûr d’à quel point elle déborde, si toute la parcelle est submergée d’un mètre d’eau il vaut mieux travailler sur le détachement que sur le design :wink:

Si les débordements te laissent suffisament de terrain pour cultiver plus haut, tu peux aussi considérer ces espaces comme des reserves naturelles réquisitionnées par moments par la rivière. C’est sûrement parfois moins d’efforts de prendre les choses du bon côté que de chercher à régler le problème :smiley:

Si tu parles anglais (ou auto traduction), je ne sais pas si tu connais Andrew Millison, il fait de bonnes vidéos, en particulier celle sur la création d’une mare, et celle sur la pente et l’eau.

Enfin pour les chevreuils je n’aime pas trop les clotûres, mais c’est quand même à envisager, surtout si ils sont très présents. Avec des manchons là où tu ne veux/peux pas mettre de coltûre…

Ça vaut peut-être le coup de clôturer au moins les parties en syntropies pour éviter les dégâts sur les arbres et aussi sur le reste. En leur laissant tout de même des espaces, par exemple en bord de rivière. Après un certain temps quand les arbres sont plus grands et que les plantes sont bien installées, c’est toujours possible d’enlever les clotûres et de les réinviter.

…

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Je m’arrete sur une affirmation que vous avez faite vis-á-vis de l’orientation Nord-Sud qui serait necessaire pour « maximiser Â» la lumiere arrivant sur les cultures, pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes d’accord que l’exemple qui nous interesse est situé dans le climat temperé oceanique, et non pas les tropiques equatoriales, oui ?

Quant á la proximité de la riviere, il faut comprendre ce que cela attirre au niveau ecosystemique: sans exageration, TOUS les mamiferes herbivores passent au niveau quotidien, voire plusieurs fois par jour, pour boire de l’eau. Pour cultiver sur les marais, ou dans des zones innondables, il faut savoir comment s’y prendre.

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En tout cas, concernant les elements d’hydrologie, cela me parait bien risqué. Autrefois, les gens qui mettaient en place des biefs connaissaient assez bien le territoire, avant de l’amenager. C’est un gros dossier, qui ne se resout pas avec les videos YT d’Andrew Millison; @Amelie, je recommande vivement le travail d’Andrew, mais prenez plutot le cours: Permaculture Water Management | OSU Continuing Education

« En orientant les planches de culture dans le sens nord-sud, vous maximisez l’exposition au soleil tout au long de la journĂ©e. Le soleil traverse le ciel d’est en ouest, et cette orientation permet une rĂ©partition homogène de l’ensoleillement sur toute la surface de la planche.
Les plantes bénéficieront d’une lumière constante et homogène. (…)
En orientant vos planches ainsi, chaque cĂ´tĂ© de la planche reçoit plus ou moins la mĂŞme quantitĂ© de soleil, ce qui est idĂ©al pour la croissance des plantes. Â»

Sans vouloir être péremptoire, l’axe Nord-Sud (ou Sud- Nord) est le même en tout point de la planète, cela reste vrai sous d’autres climats ou latitudes.

La citation est extraite d’un forum j’espère que tout comme moi vous trouverez cela suffisant, c’est mon impression mais je suis loin d’être un expert.

Déja merci beaucoup d’avoir pris le temps de me répondre.
Mon terrain coincé entre une crête rocheuse,une source, une rivière et parking, Il est en légère pente, plus haut au nord, c’est sur cette partie que je vais commencer à syntroper, lors des grandes inondations cette partie était sous eau aussi. Je vais m’appuyer sur les espèces déja présentes dans les haies, Aulne glutineux, Frêne, Erable champêtre, Saule blanc, (les marsault , vinimalis et autres à vanner ont été mangés la première année par les castor) Sureaux, peut etre cornouiller et fusain, la reine des près devra garder une belle place parce qu’on en mange toute l’année… On a déja planté pommiers basse tiges, figuier, cognassier, mirabelle, prune,groseilliers et des arbres d’ornement lilas, arbre judee, viorne, hibiscus,Saule pleureur…


Sur la première carte en jaune les courbes de relief et en rouge les ruissèlements.

Sur la deuxième un zoom sur la zone concernée, les cercles verts plein des fruitiers, les roses des arbustes d’ornement, les cercles des émergents à biomasse?, les sentiers signifiés par des pontillés jaunes, les rouges sont les passages de gibiers, il est très important que je leur laisse l’accès à la rivière et à la source, pas de clôture, plutôt des plantations défensive ou de diversion :wink:

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Je suis bien consciente du rôle clé des zones humides, ce terrain j’y joue je l’observe et je l’aime depuis plus de 35 ans. J’ai fait des bétises du houx, du ginko en terre calcaire…mais on a beaucoup appris, à lire ce qu’il racontait, les plantes bio indicatrices,les comestibles, les médicinales,…l’urgence de ralentir, de repenser les choses… mon mari fauche à la main et seulement les chemins et zones de repos. Ce n’est pas mon jardin principal, c’est plutôt un refuge pour la faune, la flore, et quelques humains privilégiés, l’idée est de l’enrichir sans le dénaturer, de le rendre plus nourricier au sens primaire, sans nous alourdir la tâche :slight_smile:

Bonjour,

Pour éviter les animaux sur la partie que tu souhaite cultiver, c’est possible de se passer de cloture. Je n’envisageais pas une cloture qui empêche l’accès à la rivière pour la faune.
Comme poser des limites est parfois nécessaire dans l’idée de la haie défensive, Natacha Leroux, une forêt-jardinière, a procédé de la sorte sur une de ses forêt-jardin: elle a laissé des ronciers pousser, en les taillant en haie. Ses haies sont décalées et se doublent les unes les autres sur environ 5 mètres.
Les chevreuils ont évolué à avoir peur de débouler sur un endroit qu’ils n’ont pas pu voir avant, car c’est l’endroit idéal pour l’affut d’un prédateur. Et du coup cette protection fonctionne, sans qu’il n’y ait besoin de vraiment fermer.
L’inconvénient c’est qu’il faut entretenir le roncier, activité que je n’apprécie guère. C’est possible de faire avec d’autres plantes, arbres et arbustes, tant que c’est impénétrable et que ça occulte tout à fait la vue. Il y a peut être moyen de positionner ta haie de façon à préserver tes cultures (étant donné le risque de dégâts importants sur des plantations qui te demandent beaucoup de temps, d’energie et peut-être d’argent) sans pour autant empêcher l’accès à la rivière.
D’autant plus de concert avec un bon nombre de plantations de diversion, la haie défensive est tout à fait viable. C’est même possible de la doubler d’une haie sèche et/ou plessage, et tout cela fait de merveilleux habitats pour la faune.

Si tu as des problèmes avec les sangliers, et que tu tiens à les tenir à distance de tes plantations, perso je ferai certainement haie défenssive, doublée d’une haie sèche et enfin plessage de haie vivante, même si cette dernière ne peut pas avoir de résultats immédiats. Il n’en faut pas moins pour tenir les sangliers.

Pour les innondations, j’essaierai de protéger juste le haut en faisant une large baissière, dont la terre serait disposée en un talus au dessus, planté de sureaux, elaeagnus umbellata, saules, etc. pour le tenir, ainsi que de cultures vivrières. Un fossé large et peu profond et une mini digue végétalisée si on veut. Vu la nature du sol ça te ferait une zone bien humide et une butte plus sèche, avec un bon effet de bordure/lisière entre parties humide et sèche, ensoleillement, relief…

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Vous parlez en lignes tres grandes d’un principe qui s’applique sous certaines latitudes. Notamment, dans les tropiques équatoriales. Ailleurs, c’est discutable, et parfois la chose à éviter.
Plus on se rapproche des pôles, plus les ombres portées changent. Vous pouvez faire une simulation aux endroits de votre choix en utilisant cette application ShadeMap - Simulate sun shadows for any time and place on Earth.

Citer « un forum Â» ne donne pas plus de crĂ©dibilitĂ© Ă  cette idĂ©e reçue. Les phĂ©nomènes climatiques sur la planète dĂ©finissent pour chaque climat un ensemble de contraintes qui Ă©voluent de façon non linĂ©aire.

Pour adapter un set de techniques à chaque climat / microclimat, il faut faire une analyse de site concernant les points les plus faibles, parmi d’autres choses. C’est ce qui fait chaque projet finalement un cas unique, et non pas un modèle à suivre.

Si vous prenez du recul, par rapport au projet global et par rapport à l’emplacement du terrain, pensez aussi aux zones en permaculture. Si vous devez designer pour autant de contraintes, il s’agit plutôt d’une zone 4 ou 5.
C’est peut-être futile d’y imaginer un projet syntropique, qui de par l’ampleur des tâches que cela implique, se prête plutôt à la zone 1, maximum 2.

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La citation du forum n’était qu’un moyen de m’éviter la formulation. Même si la course du soleil diffère en des points différents du globe, le soleil se lève partout à l’est et se couche partout vers l’ouest. En moyenne sur l’année l’orientation qui permet de maximiser l’ensoleillement sera toujours nord sud, partout sur la planète, malgré les différentes courses du soleil, ce qui n’est pas nécessairement toujours souhaitable, je ne dit pas le contraire. Le soleil se lève en france au nord-est en été et au sud-est en hiver, et exactement à l’ouest et à l’est lors des equinoxes. Ce qui ne change pas qu’en moyenne sur une année l’orientation nord sud est celle qui permet de maximiser l’ensoleillement.
Merci pour le lien, je ne connaissait pas cet outil, très pratique. D’ailleurs il permet justement de vérifier cela.

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Cela reste toujours une idée reçue.
Est c’est assez simple de le prouver. Mettez en place des lignes orientées de toute autre façon, avec les éléments du système qui prennent chacun leur place dans les strates.
Parce que l’angle d’incidence du soleil est variable au cours des saisons, et au cours d’une journée même (oui, la réalité n’est pas statique…même si les humains la présente de façon figée pour correspondre á nos capacite de la modéliser), l’ombre qu’un arbre de 5 mètres projette sur un autre élément (placez-le où vous voulez, par ailleurs), sera quasiment la même.
Peu importe si la ligne est orientée Nord-Sud, Est-Ouest, NE - SO etc etc.

Bien que l’ensoleillement soit important, dans tous les climats, mais dans le climat mediterranean, c’est la disponibilite saisonniere de l’eau qui risque de poser problème.
Certains pratiquants des techniques syntropiques ont quelques longuers d’avance sur cet aspet-lá…

Alors selon votre demonstration l’orientation d’une planche au sein d’une serie de planches n’a aucune influence sur l’ensolleillement? C’est vrai que c’est une idée reçue fort répandue.
C’est justement parce qu’il s’agit d’une ligne d’arbres et pas d’un arbre isolé que l’orientation a une importance pour l’ensoleillement.
Si vous n’en convenez pas je souhaite que nous en restions là.

edit: dans tous les cas en fait

C’est vrai qu’il est difficile de s’éloigner du contenu des cours, de questionner de façon raisonnée, et accepter de revisiter les principes selon chaque cas de figure.
Peut-être qu’il est nécessaire un temps de réflexion et de digestion; mais en tenant compte de la vitesse avec vous répondez, peu importe l’argumentaire que l’on vous présente, ou les sources citées, il me semble que votre conclusion reste similaire…

Vous trouverez à cette adresse: https://youtu.be/jrR_V4G11AM?si=NYiSDqoXOzfhNj9x des avis peut-être controversés pour certains, cependant bien argumentés.

Par ailleurs, pour infuser la situation avec la complexité que la Syn Tempérée engendre, que faire dans le climat tempéré avec l’ombre portée des arbres caduques ? Pendant 2-3-4 mois, parfois même 5 mois, une orientation dogmatique (Nord-Sud ou toute autre variante) ne sert pas à grande chose pour les plantes herbacées qui parfois continuent à faire de la photosynthèse…

Orientation dogmatique? Je n’ai jamais dit que N-S était la seule possibilité, simplement qu’elle était celle qui maximisait l’ensolleillement à l’année. Ce que vous n’avez réfuté par un raisonnement qui tienne debout à aucun moment.
.

Il n’y a rien sur l’orientation des planches dans votre vidéo, mais de la syntropie à la sauce anthroposophe, sauce effectivement tout à fait controversée, et pour cause.

J’y mets ma touche, a ce débat orientation Nord sud ou non.
Retour pro : demandez à n’importe quel producteur petits fruits et arbres fruitiers (en tout cas en bretagne!), il vous répondra que seule l’orientation N-S est viable pour une production homogènes sur les plants de productions.
Mon retour : pour avoir testé des petits fruits dans une haie E-W (sur mon terrain, en particulier), j’ai une bonne production de petits fruits côté sud, et rien ou presque côté nord. Ce sur plus de 5 ans. C’est pourquoi j’ai implanté toutes mes lignes en axe N-S sur le Verger au Bois Gourmand.

La théorie, si scientifique soit-elle, c’est bien et important. Mais rien ne remplace l’expérience et le test. Ce qui fonctionne chez moi en Bretagne n’est peut-être pas valable dans la moitié sud France d’ailleurs :wink:

Merci à tous, pour tous les liens, les nouveaux mots, les réactions… Il va me falloir un peu plus de temps pour creuser et cogiter tout ça … Je reviendrai vers vous pour partager mes observations. …Le printemps m’appelle , suivant l’observation de Calin., j’ai lancé la syntropie au jardin de notre habitation, en zone 1, semis du potager syntropique , boutures en tipi de lavande, consoude, sauge, laurier sauce,création des bordures vivantes, c’est parti! … et l’orientation des bandes de cultures ? les choux seront en E-W et les haricots en N-S :smiley: Bon printemps à tous