Ce livre rejette en bloc la civilisation occidentale. Page 170, on peut lire que « la civilisation occidentale fait obstacle à notre capacité de vivre de manière authentique ». Rien que cela. L’ouvrage dénonce Rome, l’Occident impérialiste, les colonisateurs, et bien sûr le christianisme, accusé à demi-mot d’avoir perverti le rapport au monde. L’Occident serait responsable de tous les maux – sans nuance, sans contextualisation. On nous parle d’une « immense dette historique envers les peuples autochtones » (p.170), sans qu’il soit jamais précisé de qui il s’agit ni sur quels critères cette dette est fondée. On chercherait en vain une pensée profonde, une démonstration rigoureuse, un argumentaire structuré.
Ces « peuples, » nous dit-on, seraient porteurs d’une « sagesse » immense. Laquelle ? Mystère. On n’en saura rien. Les auteurs nous invitent à une « véritable conversion » à l’animisme, cette croyance qui suppose que tout – rivière, montagne, rocher – est vivant et gouverné par des entités spirituelles.
Jamais le mot nature n’est défini. Le mot nature, qu’on s’imagine devoir repenser, ne signifie rien d’autre que la collection des êtres qui composent le monde. Elle n’est ni une entité, ni une âme, ni un esprit unique. Les auteurs appellent pourtant à adorer la Terre-mère, la Gaia. Or, Cette vision panthéiste est réfutée aussi bien par la philosophie que par la science. Car si le monde n’a qu’un seul esprit, alors aucun homme ne possède de véritable activité spirituelle propre. C’est la suppression de l’intelligence et de la personnalité. D’où la faiblesse de l’argumentaire : il ne s’agit pas de convaincre, mais d’émouvoir, d’apeurer, de culpabiliser, pour mieux pousser à la révolte et à l’adoration de fausses entités (ce qui s’appelle idolâtrie).
On nous présentait Fukuoka comme un parangon de la permaculture. Fukuoka est un gnostique qui rejette la raison et invite discrètement au suicide (ce n’est pas le premier). Il s’est d’ailleurs suicidé lui-même. Ne sombrons pas dans des philosophies et spiritualités dangereuses.
Enfin, les auteurs incitent au mondialisme sans frontière : « Nous sommes tenus ( ?) d’agir collectivement et de trouver des moyens de coopérer au niveau mondial », nous dit-on, comme s’il s’agissait d’une évidence. La véritable science démontre au contraire que les écosystèmes doivent être homogènes et ne pas se mélanger ; ainsi Allais prix Nobel d’économie français démontre certainement que les frontières doivent être régulées et qu’il faut de toute urgence mettre fin au libre-échange (des hommes, des capitaux et des marchandises) qui entraine au niveau mondial le chaos, l’appauvrissement, le chômage et bien entendu l’augmentation des flux polluants. Toute l’économie mondiale moderne s’est construite sur un mensonge, profitant exclusivement à la petite caste de banquiers internationaux. Il n’est nullement besoin ni nécessaire que l’on fabrique en Chine ce qu’on consomme en France. Les taxes douanières sont nocives, il faut des quotas d’importation, solution efficace et simple à mettre en place.
L’animisme, en diluant toute responsabilité dans une grande âme universelle, offre un terrain idéal aux véritables responsables : si tout est interconnecté, les fautes aussi, alors plus rien ne peut être jugé. Tout le monde est coupable (l’occidental surtout !), donc plus personne ne l’est vraiment. Le mal devient diffus, insaisissable. Et dans ce brouillard moral, les coupables bien réels qui savent ce qu’ils font en détruisant nos écosystèmes échappent à la justice. On regrette que les mouvements de retour à l’agriculture, permaculture etc soient influencés par ces fausses doctrines (et ces fables ! qui profitent aux ennemis)
Il manque donc un livre qui à partir de l’expérience agricole, basé sur des faits et l’étude du vivant, remonte au créateur et lui attribut ces qualités. « La vie est abondance et don » reconnaît Anaëlle : Dieu est Vie, Dieu est Don, Dieu est Amour. L’homme est intelligent, il peut connaître au moyen des sens la nature des êtres par l’abstraction : il lit au dedans des choses. Cette faculté quoique progressive, lente et sujette à l’erreur est bien réelle. Le « système » en revanche n’est pas intelligent, la plante n’est pas intelligente, elle a été créée par Dieu qui, Lui, pur esprit est l’Intelligence même…