Experience ratée d'un potager syntropique à Toulouse

Je vais planter les ligneux cet hiver, et l’idée serait, au lieu de pailler le sol, de faire un couvert en attendant les plantes herbacées qui seront mises en place au printemps… Est-ce une bonne idée ?
Dans ce cas, possible de ne pas détruire ce couvert mais perturber et planter/semer/bouturer dedans?

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Ouaip, c’est ce que je fait dans ce cas. Mon itinéraire est le suivant (sur prairie/friche brute de décoffrage…): occultation estivale, décompactage automnale suivi du semi du couvert + plantation ligneux (et apport de MO). Couvert à base de légumineuses à 70% , le reste en divers, occultation fin d’hiver puis plantation/semi pour la saison estivale… pour l’occultation soit tu détruis et tu n aura rien à perturber, soit tu « calmes » le couvert pour implanter et tu auras de quoi perturber par la suite…soit tu N occulte pas et tu implantes en perturbant, dans ce cas j éviterais les herbacées qui auront tendance à taller…

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Pour compléter au sujet des couverts pour faire l’apport de biomasse « complémentaire », je soulignerais bien le fait qu’il faille effectivement absolument attendre le stade floraison au minimum et que cette pratique est aussi originaire de zones tropicales. La saisonnalité est loin d’être la même que dans nos climats. C’est Francis Bucaille qui en parle très bien dans son bouquin et qui explique que dans le rythme des saisons de nos latitudes, il vaut mieux privilégier des apports de biomasse par une pousse l’été jusqu’en automne avec le plus de matières ligneuse possible puis garder une phase de repos végétatif l’hiver pendant que les champignons converticent et stabilisent toute cette matière organique. Si un couvert d’hiver est installé, il va favoriser la vie bactérienne et la minéralisation de la matière organique du sol ce qui a tendance à déstocker de la MO.
Après, il ne faut pas non plus tout réduire à cela évidemment, mais il faudrait je pense garder cette tendance à faire pousser l’été et pas trop l’hiver. En contexte d’été trop secs comme dans les Pyrénées Orientales ou même Toulouse, il peut être effectivement interessant d’installer des couverts d’hiver à condition de bien les laisser aller jusqu’à la floraison pour avoir le plus de carbone et de biomasse possible en fin de printemps mais cela décale aussi beaucoup la période d’implantation d’autres végétaux. C’est la que pour moi le ligneux pérenne en support de perturbation me paraît plus pertinent. Son caractère vivace lui permet un démarrage rapide à la sortie de l’hiver, une production optimale de biomasse (des premiers rayons de soleil printanier jusqu’à la fin de la saison estivale) et de bonne qualité (rapport C/N assez élevé) sans parler de l’aspect robustesse de part la non dépendance à la réussite des semis d’annuelles (et de leur reproduction).
Après il existe des systèmes effectivement autonomes en biomasse seulement par des couverts végétaux mais je pense que cela nécessite inévitablement la mise en place d’une irrigation pour les couverts d’été (nécessaire pour l’autonomie car produisant davantage de biomasse qu’un couvert hivernal) Exemple avec les pratiques de Yann Lopez qui explique ça sur des interview YouTube, à consommer sans modération. :stuck_out_tongue_winking_eye:

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Pour relativiser, je trouve que le potager était plutôt raté cette année, trop froid, pas assez de soleil? Du coup, je vais me concentrer sur les vivaces pour me faire la main en syntropie. J’ai eu un beau démarrage au printemps avec des blettes XXL, puis un flop sur les plantes d’été tomates, courgettes, poires de terre… mes tournesols n’ont pas pris beaucoup de hauteur, les mais ont été couchés par le vent, sol trop sableux? Là ça va mieux les choux sont pas mal, les poireaux démarrent bien. L’oseille a l’air de bien supporter la perturbation, bordure vivante? J’ai un gros boost sur mes pieds d’asperge alterner avec des pieds de consoude qui font ombre pour les turions et biomasse.

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Merci beaucoup pour ce partage si documenté.

Mon admiration va d’abord pour ta planification sur une prise de notes dans un seul document. Je galère de mon côté entre divers supports papier et informatiques (Qrop, excell, base de données relationelle) et n’ai pas encore trouvé une solution qui me convienne. Vos idées sur le sujet dans une partie dédiée du forum sont bienvenues.

Sans être - et de loin - aussi organisé que toi, je constate à peu près la même chose chez moi. Les plantes potagères ont galérés, mes semis précoces d’un placenta potager expliqué par Anaëlle n’ont pas levé, les engrais verts eux-mêmes (phacélie, moutarde, lin…) on eu de la peine à de développer. Je remets en question mes choix de dates de semis Le résultat en fin de saison a été lamentable sur le potager: tomates chétives, aubergines également, patates douces minuscules, légumes-racines ridicules, au point que je me suis mis à relire le livre de Martin Fortier et que mes planches tardives et pas du tout syntropiques de poireau et mâche ont très bien fonctionné.

Par contre bien des plantes pérennes - bordures vivantes et plantes supports à biomasse - font leur bout de chemin, lentement mais sûrement ( origan, thym, romarin, hysope, consoude, saule, peuplier, sureau, laurier, eleagnus, fruitiers…) ce qui me donne l’espoir que le système se met d’une façon ou d’une autre en route et que le potager sera un plus tardif dans ce système mais pas un point de départ. Rajoutons que les plantes sauvages et comestibles de la parcelle me donnent des salades presque toute l’année, ce qui me console.

Merci encore pour ce partage généreux.

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Bien qu’il faut toujours relativiser, car l’année passée était particulièrement humide, mes constats suite à des essais assez similaires ont été en grandes lignes les mêmes: il est tres difficile de mélanger plantes vivaces et plantes pérennes, et tout le côté potager est décevant.
J’ai pu visiter le terrain de jeu de Jules, et il se trouve que je l’avais déjà visité auparavant, avant les essais. J’ai envie de dire qu’il était en mission impossible… mais les apprentissages tres pertinents.

Heureusement, auparavant j’avais fait d’autres essais avec une « approche » syntropique plus simple; donc avec des résultats plus modestes, mais c’était á la hauteur des efforts (qui étaient aussi modestes); et globalement, avec le recul que cela m’a offert, je retiens un aspect tres important:

Le potager n’est pas compatible avec la phase de colonisation / la placenta.

La culture de plantes annuelles est possible plutôt en phase d’accumulation, oú le sol est structuré et amélioré par les diverses plantes pionnières, mais qui sont déjà sorties sur système, ou sont activement amenées au sol bien avant les essais syntropiques.

Une conclusion secondaire, issue des essais sur des multiples sites (et en différents microclimats), est qu’il faut comprendre et connaître les points les plus faibles de ton site. Autrement dit, il est impératif de bien définir ton projet, faire une analyse claire et être « conscient(e) » des contraintes et limitations.
En gros, jouer avec des outils de conception en permaculture.

Help, je ne vois pas de fichier partagé dans le premier descriptif? juste les photos et les commentaires ? Oui, la prise de note du potager est un petit défi … surtout en syntropie vu la densité et le mélange !!!

@jules : Je relis ton retour d’expérience à la veille de redémarrer cette année :slight_smile:
Tu as peu de couvre-sol à perturber (menthe, mélisse, consoude, géranium, blettes, bourrache…) et les 3 premiers mois ton sol est trop nu? Tu as pas choisi entre tournesol et mais pour garder de la hauteur-ombrage, du coup ils sont en concurrence, tu aurais du garder qu’une seule plante pour la hauteur et plus sacrifier l’autre? D’ailleurs Annaelle le dit en commentaire p62. Questionnement : Comme les bordures vivantes sont souvent des vivaces, il faudrait presque les mettre en place avant (automne, année avant) pour avoir tout de suite assez de matière à perturber? J’essaye d’aller vers cela… je vais tenter de mettre plus de bourrache, car elle se resème facilement et tu peux en avoir beaucoup avec peu d’effort, elle couvre bien le sol, je vais la tester en pertubation récurrente cette année.

Oui je l’ai retiré parce que je vais séparer l’ancien plan du nouveau

Oui je pars sur completement autre chose cette année. Je vais alterner planches pérennes et annuelles, et sur les planches annuelles densifier mieux en mettant majoritairement du mais (80%) et quelques tournesols par ci par là (mais ils seront principalement dans les planches pérennes), créer une meilleure couverture du sol dès le printemps avec des épinards, salades, mesclun, radis etc et des blettes en support de perturbation sur la plupart des bordures d’annuelles. Je vais aussi mixer l’approche « potager syntropique » d’Anaelle avec l’approche agriculture naturelle de Yann Lopez qui cultive en faisant des Rotations légume/couvert. J’ai donc décidé de faire une rotation sur 3 ans : légumes de printemps été /couvert d’hiver/légumes d’été automne hiver/couvert d’été/couvert d’automne, le tout en mettant des supports de perturbation dans les légumes.
Autrement dit les légumes seront intégrés dans un système très complexe, avec une meilleure gestion de la lumière (j’ai coupé la haie en trogne depuis), un apport de compost pour garantir une fertilité nécessaire au départ des légumes, et une irrigation +paillage pour pallier au contexte très séchant de mon sol sableux.

Mes objectifs ont aussi changé : le but serait aujourd’hui de faire quelques années de potager et de partir en bouturière syntropique et forêt jardin avec pas mal de petits fruits à la place des planches annuelles.

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Je suis pas mal occupé ces derniers temps mais je continue la prise de notes et de photos, j’ai un nouveau design à partager et il y a eut d’énormes changements comparé au jardin de l’année dernière mais pour l’instant je n’ai pas le temps de faire un joli post. Ça viendra !

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